Où le Ventoux n’effraie pas le septuagénaire

Heureux septuagénaire, notre ami André n’est pas de ces grandes gueules qui grimpent sur les tables à la première occasion et entonnent des chansons paillardes en provoquant l’assistance. Chez lui, l’expression est feutrée et la démonstration intérieure, toute en retenue. Dans le peloton, il préfère le milieu quoique, quand la côte arrive, il apprécie de s’étalonner par rapport aux meilleurs… Et la comparaison n’est pas à son désavantage.

          Notre héros devant la pancarte : il a l’air frais comme un gardon ! Notez le vent qui embarque l’écharpe…

C’est ainsi qu’un matin de cet été, il a pris son vélo et s’est fait conduire par son amie au pied du mont Ventoux, en toute simplicité. Et il a attaqué… 21,5 km de côte continue et 1600 mètre de dénivelé, à une pente moyenne de 7,5% et des maxis à 10,7%. En fin, précisons que sur trois itinéraires possibles, l’ascension par Bédouin est considérée comme la plus difficile. Les cyclos apprécieront…

L’indication du pourcentage de pente… pour les connaisseurs !

Laissons lui la parole pour une interview expresse. Il parle de sa performance avec une grande sérénité, mais ne nie pas du tout la difficulté.

« J’ai choisi un jour où il faisait beau temps, sans vent. Départ vers 10 heures de Bédouin et montée tranquille par St Christophe. J’imaginais bien que ce ne serait pas facile, mais ça a été très très difficile. À tel point qu’à 1 km avant le chalet Raynard, situé aux 2/3 de la montée, j’ai dû m’arrêter, épuisé, malgré mes réserves de pain épices, bananes, pruneaux et chocolat. »

Juste pour que vous vous fassiez une idée

Il faut dire que la fin de l’ascension se fait dans un paysage minéral assez lunaire, sans aucune ombre et sur une route qui semble interminable.

Tu dis que le sommet est impressionnant.

« J’évitais de le regarder ! Je portais ma casquette traditionnelle. Quand je voyais le prochain virage à 1 km, je baissais la visière pour ne plus voir que la route devant moi ! »

Les derniers lacets…

La grande question ; était-ce une douleur ou un plaisir ?

« Les deux ! Une douleur quand on monte, au total, j’ai effectué trois arrêts, mais quelle joie en haut. C’est tout le plaisir d’être allé au maximum de ses limites et la grande joie d’avoir réussi. »

Bon, d’accord, j’exagère un peu, il n’y avait pas de neige en été, mais c’est pour dire que ça fait peur !

Quels sont tes prochains objectifs ?

« Rouler tranquillement le mercredi avec la satisfaction de savoir que si je veux refaire de la montagne, c’est toujours possible, je peux le faire. »

Quand je vous disais qu’André est un grand modeste !