Frédéric Delalande rempile !

Photo : Frédéric Delalande, du jaune du maillot de leader du Tour de Nouvelle-Calédonie au jaune du maillot des « canaris nantais » !

Le cyclisme amateur croyait un peu vite que le Breton, 170 victoires au compteur, prendrait sa retraite l’an prochain. Erreur ! A 35 ans, Delalande tourne certes la page Jean Floc’h, mais il signe en faveur de l’UC Nantes, le club de ses débuts. Il sera, en parallèle, entraîneur de l’équipe de France de police. Entretien.

 


Propos recueillis par Pierre Carrey

Cyclismag : Frédéric, pourquoi rester une année supplémentaire chez les amateurs ?

Frédéric Delalande : Je ne pensais pas recourir mais Nantes m’avait déjà sollicité il y a un an. Je connais très bien le club pour y avoir couru de 1987 à 1991, à mes débuts, puis en 1995 et 1996. Le directeur sportif, Pascal Deramé, est un super copain. On a prévu que j’aide les jeunes, que j’assure un lien avec cette génération qui est la mienne. Je dois aussi remporter une manche de coupe de France. Il y en a quatre l’an prochain, une victoire dans l’une d’entre elles serait une première dans ma carrière.

Il était exclu de poursuivre l’aventure avec Philippe Dalibard, dans Bretagne-Jean Floc’h ?

Si j’avais été intéressé, Dalibard m’aurait fait signe. Mais je ne voulais pas faire de sacrifice à 35 ans, comme de longs déplacements. Et puis, il aurait fallu que je me mette un an en indisponibilité avec la Police nationale. Ce qui signifie que je n’étais pas sûr de retrouver la place que j’occupe aujourd’hui, alors que je commence à prendre mes marques avec un boulot situé non loin de mon domicile.

Jean Floc’h chez les pros, ça t’inspire quoi ?

Il était temps de passer au registre supérieur. Les saisons commençaient à se ressembler, le manque de motivation s’installait… Heureusement qu’il y avait de nouveaux coureurs chaque année pour nous donner envie de continuer. D’un point de vue sportif ou même publicitaire, il n’y avait plus grand chose à retirer de la DN1. Jean Floc’h, de toute façon, c’était l’un des trois ou quatre meilleurs clubs amateurs français, avec une excellente structure. Déjà une équipe pro… Courir en continental, participer aux manches de coupe de France, c’est une très bonne chose pour le futur ! Il faudrait plus d’équipe de ce type en France, une quinzaine je pense.

Que retires-tu de tes années Jean Floc’h ?

Je me souviendrai de mon titre de champion de France, même s’il a eu lieu en deux temps (NDLR : classé second derrière Bichot, contrôlé positif aux cortocoïdes pour sa consommation d’antiallergénique, Frédéric Delalande récupéra le maillot tricolore en hiver 2002)… J’ai plein de bons souvenirs, en fait !

Ca inspire quoi d’être craint du reste du peloton ?

On ne s’en rend pas compte sur le moment. Sauf lorsqu’on a une dizaine de coureurs dans sa roue !

Cette nouvelle saison à Nantes, comment vas-tu l’aborder ?

Avec beaucoup moins de jours de course, c’est sûr. J’ai toujours envie de faire du vélo, je pense que c’est mauvais d’arrêter la compétition du jour au lendemain. Mais je sens passer les années lorsque je suis à l’entraînement. Je veux me concentrer sur des objectifs précis. Cette année, déjà, le nombre de compétitions a diminué pour moi : j’ai fini avec 70 jours de course, alors que j’ai pu monter jusqu’à 120.

En parallèle de l’UC Nantes, tu seras entraîneur de l’équipe de France de police ?

Il faudra que j’acquière les automatismes de l’avant et de l’après-course, que j’arrive à remonter le peloton en voiture. Les jours de pluie, je serai bien content (Rires). Cette équipe aura quinze coureurs et cinq personnes dans l’encadrement (lire notre fait du jour). La seule chose qu’on ignore, c’est si on aura enfin l’accord écrit du ministère de l’Intérieur qui permettrait de détacher les coureurs à temps plein, donc d’avoir un label continental. On avait un accord verbal, qui tarde à se manifester sur le papier et les chances d’évoluer à l’échelon continental diminuent de jour en jour.

Certains s’étonnent que des policiers soient « payés pour faire du vélo »…

Ce genre de critique ne nous aide pas dans nos démarches. Notre projet n’est pas pire que ce qui existe dans des administrations et des entreprises où des employés ont des avantages pour pratiquer un sport. Il y a 150 000 policiers en France, donc il n’y aurait qu’un policier sur dix mille concerné par le cyclisme. Notre équipe serait un vecteur de communication, comme il en était bien question à l’origine. Il n’est pas toujours facile de trouver de bonnes recrues, nous aurions pu contribuer à en attirer par la publicité.

Que se passera-t-il si vous n’obtenez pas l’accord du ministère de l’Intérieur ?

Les coureurs seront, comme aujourd’hui, détachés à tiers temps, avec des jours réservés à l’entraînement ou à la compétition. Quant à moi, je serai quand même entraîneur national et je pourrai courir une ou deux saisons supplémentaires en amateur.