4ème étape = Le Havre – Le Havre = 160 kmCent-soixante kilomètres, le long de la côte jusqu’à Étretat, une traversée du Pays de Caux, puis un suivi de la Seine à partir de Caudebec jusqu’au Havre en passant par les raidards de Villequier et de Radicatel notamment, tel était le menu proposé aux rescapés de ce TPO 2004. Conscients que tout pouvait basculer, la nervosité se faisait sentir lors du départ réel donné à la sortie d’Octeville à 12h22.
Les chevaux étaient lâchés dès le baisser de fanion. Cela flinguait à tout va. Quatre coureurs allumèrent les mèches : Yves Delarue et Vincent Socquin (USSA Pavilly Barentin), Laurent Chotard (VC Rouen 76), et Denis Flahaut (sélection du Pas-de-Calais). Vent trois-quart dos, et huit coureurs rentraient sur le quatuor après quelques kilomètres. Essaient référencés, Thomas Bernabeu et Thierry Loder (CR4C Roanne), Michel Marc (VC Evreux), Stéphane Arassus (UV Aube), Jean-Baptiste Béraud (CA Mantes), Jérémie Derangère (SCO Dijon), Takashi Miyazawa (ESM Gonfreville), et Anthony Lemoine (CG Orléans Loiret). Ils ne le savaient évidemment pas en se lançant dans une telle galère, mais c’est pourtant leur fugue qui animera (jusqu’au bout pour certains) la journée.
L’écart n’enflait guère, le peloton réagissant par secousses. Partis en chasse-patates, Gilles Canouet (Agritubel Loudun 86) et David Pignata (sélection de Seine-Maritime) ne raccrochaient pourtant pas le bon wagon. Le Japonais Miyazawa sautait rapidement. A la sortie d’Étretat (km 27), l’avance montait à 2’40. Canouet et Pignata étaient repris sur une accélération du VC Roubaix Lille Métropole.
La première côte classée, celle de Vaucottes (km 37) souriait au prometteur jeune Ebroicien Michel Marc. A l’attaque même dans le final, Marc pourtant battu dans les rues
du Havre, avait fait montre de grand talent et d’un tempérament du haut de ses 19 ans. Béraud laissait partir ses dix compagnons sur crevaison. Le chrono jouait alors à un yo-yo interminable suivant le bon vouloir de la meute. Descente à 1’55 (le CCNO aux commandes) puis remontée à 3’40 (km 54) dans les rues de Contremoulins.
La caravane quittait alors les bords de mer pour entamer la visite cauchoise. L’arrivée sur la large départementale (km 55) donna des envies de bordures. Roubaix et Nogent, déjà entrevues, boostaient le peloton. Des cassures se multiplièrent. Tous les costauds (vingt-huit coureurs) se retrouvèrent ainsi dans la première section. Les diagonales coupaient le macadam. On n’amusait plus, et la deuxième partie pouvait déjà plier.
A Fauville-en-Caux (si chère à l’impayable speaker FFC, Michel Aillard), le groupe des favoris pointait à 2’08 des dix, le peloton des perdants accusait déjà 3’18. Revenu juste au-dessus de la minute, le groupe du maillot blanc Grammaire « s’amusa » alors à gérer leur retard sur la fugue. Nous assisterons même à une impressionnante séance de quasi surplace à la sortie de Caudebec-en-Caux (km 86).
Peut être pour respirer avant le côte de Villequier. Un véritable mélange de flandrienne et ardennaise. Un pourcentage qui part de l’église, direction le château, le tout à l’ombre d’une forêt serrée sur une route étroite criblée de quelques virages avec reprises à 15-20%. Elle fit mal sans faire de différence, mais beaucoup payèrent déjà. Loder était éliminé sur pépin mécanique.
On remit cela au km 109, avec la côte en paliers de Radicatel. L’Espoir du CR4C Roanne, Thomas Bernabeu, emmenait l’échappée avec un Jérémie Derangère omniprésent. Laurent Chotard s’assurait quant-à-lui, le maillot des points chauds. A Tancarville (km 118), ils n’étaient plus que huit rescapés qui comptaient 1’30 sur le peloton maillot blanc. La côte de Tancarville-Haut voyait une passe d’arme avec l’attaque de Charles Guilbert et des deux coureurs du VC Evreux Tony Cavet et Oscar Stenstrom. Mais Grammaire, costaud et attentif, revenait avec l’avant-garde du mini-peloton.
La dernière montée du parcours, la côte de Mortemer (km 136) sonnait le glas de l’échappée. Derangère avait flingué son groupe, chassé par Bernabeu. Laurent Chotard, Anthony Lemoine et Yves Delarue étaient encore là, mais le groupe Grammaire-Cavet soufflait à vingt-cinq secondes. A l’entrée du Havre, vers l’avenue d’Aplemont et cette ultime butte, Derangère fut le dernier à rendre les armes. Quatre coureurs s’extirpaient alors. Christophe Guillome (CC Nogent-sur-Oise), le vainqueur d’Octeville, Simon Gerrans (U Nantes Atlantique) et … les deux leaders Grammaire et Cavet. Leur présence plutôt gênante, fut de courte durée. Guillome et Gerrans se retrouvèrent bientôt seuls à affronter les artères havraises, le tour pavé de la place de l’hôtel de ville et l’Avenue Foch.
On ne reviendra pas de derrière. Guillome, toujours à la recherche de son premier bouquet 2004 après une pléiade de secondes places (Route Bretonne, Monts du Lubéron, ou St Nicolas d’Aliermont), craignait la pointe de vitesse de Gerrans, mais que pouvait-il faire ? Gerrans l’obligea à lancer le déboulé, mais Christophe ne put contenir l’Australien. Simon Gerrans enlevait sa deuxième étape en vingt-quatre heures.