Belle journée printanière en ce samedi où nous partons de Pirmil dans la campagne ensoleillée, sous la direction de Jean-Marie qui étrenne son premier capitanat de route et rassemble une quinzaine de copains. Départ vers le sud-ouest toujours ingrat, mais, une fois passé le lac de Grand Lieu, puis Corcoué sur Logne, tout s’arrange et Jean-Marie commence une magistrale démonstration de ses talents. Nous parcourons la campagne en tous sens, par des routes pratiquées uniquement par de rares machines agricoles, tout au plaisir de la nature. Par moment, certains se demandent si le capitaine de route n’est pas simplement perdu tant le chemin suivi est subtil. Dans l’éruption printanière, la campagne éclate de verts des prairies et blé en herbes, jaunes des cultures et bleus du ciel.
De gauche à droite : Milou, Jean-Claude, Rémi, Antoine, Gérard, Yves, Christiane, André, Daniel et Lucien, devant le pont de la Boulogne.
Avant le déjeuner, nous perdons Émile, dit Milou, garçon enthousiaste s’il en est, qui reste dans sa tête le coureur impétueux toujours pressé de gagner la pancarte. En l’occurrence et pour son malheur, Rémi est des nôtres, qui cumule deux qualités : trente ans de moins que Milou et des jambes d’acier. Donc, quand Milou se met en chasse pour régler son compte à Rémi, il devient sourd aux indications de Jean-Marie et ignore les tournants. Rémi de son côté a sa fierté et n’entend pas se laisser dépasser comme une borne kilométrique par un retraité, fût-il doté d’un passé prestigieux. Tous deux pédalent donc gaillardement au grand dam du capitaine de route qui les voit s’éloigner sans espoir de retournement.
Le seul qui ait les jambes pour rattraper les deux lascars est Yves qui s’y colle gentiment. Il rattrape d’abord Antoine qui avait un instant imaginé rejoindre les deux échappés avant de renoncer sagement, puis rejoint les fuyards goguenards.
Et la troupe se remet en route avec force commentaires sur les capacités auditives et visuelles de Milou… Que nous reperdons avant l’Herbergement où Jean-Marie a prévu que nous déjeunions. Là l’affaire est différente et Milou avait réussi à fausser compagnie au groupe et à Rémi, occupé à disserter sur la recherche scientifique avec André. Voyant que personne ne le suit, Milou accélère pour marquer une bonne fois les esprits… Et se perd à nouveau
Poussé à une deuxième poursuite, Yves décline devant l’avance de l’intéressé que nous avons perdu de vue et nous le laissons errer dans la nature comme un chien fou qui sait où le déjeuner est servi, ce qui nous rassure sur son retour.
Nous le retrouvons effectivement à l’Herbergement, nous nous installons dans un restaurant ouvrier fort sympathique avec fruits de mer en entrée, fromage et dessert. Les conversations vont bon train jusqu’au moment où nous voyons entrer le maire en personne, qui n’est autre que le frère de Jean-Marie ! Saluts joyeux, émotion et moment de partage attendri. Monsieur le Maire nous invite à la fête Renaissance qu’il donnera en septembre, nous promettons de nous y rendre en costume et il nous offre aussitôt un petit pousse-café fort agréable, cognac aux amandes ou vieux calvados sarthois que certains acceptent, par courtoisie évidemment, alors que les plus sportifs déclinent. Il est d’ailleurs à noter, sans que cela ne devienne un éloge de l’excès, mais à titre d’information scientifique, que les consommateurs n’ont pas connu de baisse de régime ni aucun écart de performance avec les abstinents.
Remise en selle dans la chaleur et malgré le vent contraire, cette sortie prend des allures estivales. Jean-Marie achève de nous éblouir par la sophistication de son itinéraire, Jean-Claude prend conscience que son GPS acheté à grand prix sur les conseils de la FFCT, a le souffle court après trois heures de travail. Quant à Milou, il se tient tranquille en arrière du peloton, se souvenant qu’il est jeune marié et que ce n’est plus le moment de se perdre.
Finalement, Jean-Marie, héros du jour, libère à Pirmil un groupe de cyclos forts heureux de cette journée, avec au compteur un peu plus de 100 km.