Une recrue hors norme
Sur son vélo comme un poisson dans l’eau, les rubans de son casque flottant dans le vent, Marceline Belline, ondine sans routine, a rejoint l’UCNA l’été dernier et a reçu la médaille des Flèches de France…
Les premiers contacts dans un club sont souvent décisifs, mais Marceline se souvient en souriant de la façon dont notre ami Robert l’avait accueillie.
– Vous êtes nouvelle au club, avait-il dit, pensant avoir affaire à une débutante, venez dimanche que nous puissions voir dans quel groupe vous intégrer.
– Dimanche, je ne peux pas, répondit Marceline du tac au tac, je fais Paris Marseille !
Boum ! Et en y regardant de plus près, Marceline n’est pas sans rappeler Jeannie Longo (sans les bonbons du mari), avec le même sourire et la même modestie. C’est une vraie cyclote et le club se réjouit de l’avoir parmi nous.
Normande d’origine, Marceline a été amenée au vélo par son mari appelé dans la sidérurgie, quand ils sont tous deux partis en Lorraine. Après une première impression plutôt négative, ils avaient ensemble appris à aimer cette région vallonnée et avaient tourné au Luxembourg et en Belgique.
En 78, retour sur Paris, puis Cergy en 84, inscription dans un club en 85 et le drame de la maladie de son mari qui nous quitte en 87. En 89, elle remonte en selle, « Le vélo m’a remise sur pied ! » dit-elle aujourd’hui.
Marceline s’inscrit à Versailles, au CCVP en 98, « Club Cyclotouriste Versailles Porchefontaine », dont elle devient vice-présidente. Les Flèches y étaient à l’honneur, animées par quelques acharnés qu’elle suit dès 2000.
Les Flèches de France sont des randonnées organisées par l’Audax Club Parisien (ACP), depuis 1954. Elles relient 20 villes frontières ou côtières sur des itinéraires classiques (ou désormais touristiques), avec ou sans délais selon la catégorie choisie. Les 20 flèches réalisées donnent droit à la Médaille des Flèches de France remise à Paris par le Président de la FFCT, à Marceline !
Car elle a réalisé les 20 Flèches au départ de Paris. Elle les évoque avec tendresse et chacune trouve son qualificatif ; Paris-Mont-St-Michel au final superbe, Paris-Dieppe la plus petite avec 173 km, Paris-Perpignan la plus longue avec 990, Paris-Nice la plus belle, en passant les gorges du Verdon avec Moustier-Ste-Marie et Combs-sur-Artubie. Puis Paris-Marseille somptueuse avec les gorges de l’Ardèche complétée par une randonnée pédestre magnifique sur les hauteurs et enfin la plus dure Paris-Briançon avec le col du Télégraphe et le fameux Galibier.
Au sein d’un groupe de 6 à 10 membres, elle s’est souvent retrouvée la seule femme ou une des deux seules femmes, comme sur Paris Marseille.
Mais elle n’a jamais calé. Chaque flèche a ses souvenirs, mais le meilleur a été de partir à deux filles malgré les doutes des hommes et de tenir jusqu’au bout.
Marceline ne fait pas d’entrainement préparatoire en dehors des sorties hebdomadaires, sauf avant Paris-Briançon où elle a passé une semaine dans les Pyrénées enchaînant en toute simplicité 6 cols et 2900 mètres de dénivelé. « Ce qui n’a pas rendu plus facile la montée des cols alpins », soupire-t-elle.
Mais Marceline n’a pas que les flèches à son actif et elle pratique avec bonheur le cyclo itinérant. Elle évoque ainsi la descente sur Hendaye en 2003 avec 20 km de ligne droite dans les Landes, si interminables qu’elle tenait des propos incohérents avec son équipière.
Le Col mythique du Galibier après le Plan Lechat et le col du Télégraphe reste comme « la » grande épreuve : « J’ai cru ne jamais y arriver, j’ai dû terminer à 6 km/h. Je me suis arrêtée après le col car il est très venté. « En arrivant, on ne songe qu’à arrêter le vélo et une heure après l’arrivée, qu’à repartir. C’est que du bonheur, même les efforts ! »
Les bons souvenirs affluent comme la descente vers Marseille et la rencontre de deux jeunes qui faisaient Lille-Méditerranée en cyclo camping après avoir réussi leur bac et auxquels les deux mamans attendries ont donné toutes leurs friandises. Ou encore les 5 filles parties seules au Mont St Michel. Mais aussi le rituel Paris Vimoutiers en randonnée. Elle a une pensée particulière pour Versailles-Chambord, 202 km, organisé par son ancien club, où elle aimerait voir une participation des hommes de l’UCNA le 15 septembre, pendant que les filles seront sur les Champs Élysées. Elle poursuit avec les brevets de 200 km randonneurs mondiaux, le prologue du Paris Nice et le contact avec les pros et leurs cars équipés de lave et sèche linge… Le Ventoux avec ses 25 km de montée par Malaucène, tout à gauche et les 8 derniers km après l’arrêt au Chalet renard. Enfin « La Tomate », Monthlery-Marmande de 180 km… À cette échelle, elle considère que l’Alpe d’Huez avec ses 21 virages numérotés n’est pas si difficile !
Pour être complète, en clin d’œil vers la section marche, elle évoque ses dernières randonnées pédestres, début septembre dans le parc du Château de Versailles, en décembre à Montmartre et dans Paris la nuit en janvier.
Soucieuse de passer un message, Marceline ne veut pas conclure sans remercier ceux qui se sont chargés de l’accueillir et en particulier François qui a été toujours présent pour faciliter son intégration, même quand lui-même était en difficulté. « Cet accueil m’a fait me sentir chez moi très vite, c’était important car le choix d’un club d’accueil était ma priorité en arrivant à Nantes ! »
Et demain ? Elle a envie de se relancer, une fois l’installation nantaise acquise, avec de nouveaux circuits itinérant où elle se sente en liberté et mesure ses capacités. Par exemple le Canal de Nantes à Brest…
Pas de doute, Marceline en a encore sous la pédale !
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