« L’auteur de cet article, Sandrine Laporal, va réaliser son rêve prochainement en effectuant la traversée du Canada à vélo. Son départ pour le Canada est prévu le 8 mai 2015 et son retour le 20 octobre 2015. Vous pourrez la rejoindre sur la Team My Happy Canada Tour et ainsi vivre et partager cette aventure avec elle. »
Après le succès de la sortie vélo 100% féminine Braver Than The Elements en décembre dernier, ma super bande de filles m’avait demandé de récidiver avant mon départ pour My Happy Canada Tour.
Dimanche 15 mars, 9h du matin. Nous sommes 17 femmes au point de rendez-vous, accompagnées de nos montures, tentant de percer la grisaille matinale avec un grand sourire sur les lèvres. Sur nos visages on peut facilement deviner le plaisir de nous retrouver pour rouler ensemble, avec la certitude d’une belle journée à la clef.
Un peloton de femmes ne passe forcément pas inaperçu sur les quais de la Loire à Nantes. Une joggeuse s’arrête pour échanger quelques mots avec nous et regrette de ne pas avoir son vélo, sinon elle nous aurait accompagnées pour notre évasion de la journée.
Après la traditionnelle photo avant départ, nous prenons la route. Suite à Braver Than The Elements, pour cette seconde sortie, il y a les piliers de la précédente balade, comme Maryvonne et Marceline de l’Union Cycliste Nantes Atlantique, mais aussi de nouveaux visages.
Parmi cette brochette de Nantaises, il y a Monique, 87 ans, au départ pour une partie du circuit en notre compagnie. Passées les zones industrielles pour sortir de Nantes, nous nous accordons une petite croisière qui nous permettra de rejoindre le canal de la Martinière.
L’air est frais mais le ciel bleu a décidé de suivre notre roue pour cette balade bucolique le long du canal. À 20 km de Paimboeuf, nous nous arrêtons pour une pause chocolat, afin de nous donner des forces avant la pause déjeuner. Nous respirons à plein poumons et nous délectons du silence perturbé par le seul chant des oiseaux.
Le bonheur tient à peu de chose: et s’il suffisait d’une balade à vélo?
Arrivées à Paimboeuf, nous nous installons sur des tables de pique-nique dans un parc face à l’Estuaire. Le déjeuner est rythmé par les éclats de rires et les appels téléphoniques de ces messieurs soucieux de savoir si tout se passe bien pour nous. Lors de notre précédente balade en décembre, Marceline la Normande avait regretté de ne pas avoir apporté un peu de Calva afin de réchauffer les corps.
Cet oubli sera doublement réparé, puisque nous assistons à un duel au sommet entre la Normandie représentée par Marceline et Maryvonne en tant que digne représentante de la Bretagne. Entre dégustation de gâteaux maison et de calva pour accompagner notre café, l’ambiance est à son apogée.
L’alcool est à consommer avec modération, en revanche il est fortement recommandé de faire du vélo sans modération. Après une victoire sans appel de la Bretagne, il est temps de reprendre la route dans une certaine euphorie générale. Avec le vent de face, le chemin du retour sera plus difficile pour certaines, mais la solidarité et les encouragements de chacune leur permettent de rester dans le peloton. L’effet groupe permet de se surpasser…
À notre descente du bateau pour la traversée retour, un groupe de mamies s’amuse de nous voir alors qu’un papy réplique « mais y’a pas un bonhomme dans ce groupe! » Durant les derniers kilomètres, Monique vient vers moi et me confie avoir rêvé du Canada en pédalant dans ma roue. Avec un grand sourire, elle me confie même avoir aperçu une feuille d’érable sur ma sacoche arrière. Je suis très émue par ses paroles…
Il y a des sourires et des paroles qui m’accompagneront durant ma traversée du Canada
17h30 et nous revoilà au point de départ après 90 km d’évasion. Certaines filles n’avaient jamais roulé plus de 60 kilomètres, on pouvait lire la fierté sur leur visage. Même Monique qui ne devait nous accompagner que pour un bout de chemin, aura finalement réalisé la grande évasion. À notre arrivée, nous nous sommes serrées dans les bras l’une de l’autre, nous remémorant les souvenirs de cette journée inoubliable. La joggeuse que nous avions croisé le matin même se promenait au même moment. Au vu de la joie qui transperçait nos visages, elle nous a demandé la date de la prochaine sortie, afin d’être des nôtres.
La veille de notre sortie vélo j’avais lu l’article sur Shannon Galpin, fondatrice de Mountain2Mountain. Lorsque je vois le bonheur et ce sentiment de liberté que procurent chacune de nos sorties entre femmes, je ne peux qu’essayer d’imaginer ce que cela pourrait être pour des femmes résidant dans les pays où les droits individuels sont bafoués. Des idées commencent déjà à se dessiner dans ma tête, comme l’itinéraire d’une prochaine évasion, afin de promouvoir le vélo au féminin, de défendre cette idée que la liberté et le bonheur se dessinent sur deux roues…