A 19 ans, Anthony Saux a fait sensation en enlevant le Tour du Loir-et-Cher au nez et à la barbe des coureurs professionnels, le week-end dernier. Le jeune Brestois, aucun doute, se souviendra longtemps de son entrée dans la cour des grands.
Quatre jours après, il commence seulement à réaliser la portée de son exploit. Car c’en est un, un vrai de vrai. A 19 ans (il est né le 22 novembre 1991 à Brest), Anthony Saux, espoir deuxième année, a imité Thor Hushovd, lauréat de l’épreuve en 1999, et s’est même permis de faire mieux qu’un certain Philippe Gilbert, deuxième en 2002 (derrière le Morbihannais Samuel Gicquel) dans le Loir-et-Cher. «Quand on jette un oeil sur le palmarès de la course, on se rend vraiment compte de ce qu’elle représente. Gagner une épreuve de classe 2 (équivalente au Tour de Bretagne) à mon âge, c’est assez énorme, c’est génial !», s’exclame la nouvelle «pépite» du Team Nantes-Atlantique (il est en BTS au centre de la Jonelière) qui n’est pas à la veille d’oublier le scénario rocambolesque de sa plus grande victoire.
Pour une seconde et malgré une chute !
Dans la bonne échappée dès l’ouverture de l’épreuve (7e), le mercredi, Anthony Saux s’est classé 5e de l’étape reine, la veille de l’arrivée finale, ce qui lui a permis de revêtir le maillot jaune de leader… pour une petite seconde (sur le Dijonnais Périchon). «J’avoue que j’ai eu du mal à trouver le sommeil dans la nuit de samedi à dimanche», ajoute en souriant celui qui était alors bien loin d’imaginer ce qui l’attendait le dernier jour dans les rues de Blois. «Tout s’était bien passé jusque-là, personne de dangereux au classement général ne figurait dans le groupe de tête, je me sentais super bien quand, à 400mètres de la ligne, il y a eu une vague devant moi et j’ai percuté un îlot central. Ma roue était toute tordue, je ne pouvais plus rouler droit, j’ai tapé le trottoir et je suis tombé. Quand j’ai franchi la ligne, je pensais que c’était foutu… Je ne savais pas que la règle des trois derniers kilomètres s’appliquait», raconte-t-il, soulagé. Rien ni personne, la morale était sauve, ne pouvait dès lors le priver de son bonheur.
Le Chrono des nations en juniors
«C’est fou! Dire que le Tour du Loir-et-Cher était uniquement censé me servir de préparation pour le Circuit du Mené (lundi), que mon père (Michel) a gagné (en 1984), le contre-la-montre de Vassivière (le 1ermai) et l’Essor Breton (5-8mai)… Comme je n’avais pas fait une course par étapes aussi longue, j’y allais pour m’accrocher. Une épreuve de »classe2″, sincèrement, c’était seulement un rêve pour moi. Mais je me rends compte que depuis que j’ai commencé le vélo (à l’UC Briochine en cadet 2), je réalise mes rêves chaque année. J’avance marche par marche, c’est le fruit de mon travail», confie Anthony qui, après avoir notamment compilé cinq succès en chronos dans les rangs juniors (dont celui des Nations), vient de démontrer qu’il n’était pas qu’un puriste de l’effort solitaire. L’avenir est à lui.
Philippe Priser (ARTICLE LE TÉLÉGRAMME du 22 avril 2011).