L’UCNA – Union Cycliste Nantes Atlantique – n’est pas exemptée des grandes trépidations du monde et cette Union, si bien nommée, vient encore d’en faire la démonstration en inaugurant un circuit à allure Audax.
Qu’est-ce donc que l’allure Audax ? S’interrogeront les néophytes. Il s’agit d’un parcours d’endurance, réalisé à une vitesse donnée, soit 20, 22,5 ou 25 km/h pour les cyclistes, selon le profil du parcours (moyenne horaire annoncée à l’avance) ; de 6 à 6,5 km/h pour les marcheurs ; d’un minimum de 1,714 km/h pour les nageurs ; de 7 km/h pour les rameurs et d’environ 9 km/h pour les skieurs de fond.
Les esprits faciles, plus enclins à la critique qu’à l’action, comme ce siècle en produit par paquets de cent, feront observer que rouler à 25 km/h de moyenne, quand les champions championnent à 40, relève de la plaisanterie et qu’un concurrent Audax est un capitaine de pédalo face aux circumnavigateurs que sont nos héros… Deux remarques cependant ; d’une part, nous ne prétendons pas rouler dans la même cour, étant plus touristes que compétiteurs, d’autre part notre objectif est simplement de parcourir des distances importantes dans les meilleures conditions de cyclotourisme. Donc, ne comptons pas sur nous pour aller chasser Peter Sagan échappé sur le Tour de Flandres, ni monter l’Alpe d’Huez dans la roue de Thibaut Pinot en débouchant sur le grand plateau dans la dernière ligne droite … Non ! Pas de ça chez nous ! Pinot c’est devant la télé, avec les copains, un verre en main, en commentant les commentaires de Jalabert !
Mais visiter la France à vitesse raisonnable pour en sentir les parfums et apprécier les reliefs, observer l’hécatombe de hérissons au printemps et l’absence des oiseaux en été, frotter la convivialité chez les cafés, épiciers et restaurants locaux, ça oui !
Et l’Audax c’est ça !
Le plus curieux est que cette formule évoque immanquablement l’apostrophe de Danton montant à la tribune de l’Assemblée pour galvaniser les élus qui s’affolaient en sachant les Prussiens à Longwy. Il parle deux minutes avec la véhémence qui était sa marque de fabrique et conclut par ces deux phrases magnifiques « Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
Ainsi nous, chevaliers de la courte pédale et maîtres de l’insignifiant, faisons-nous nôtre cette formule « De l’Audax, encore de l’Audax, toujours de l’Audax et la France est sauvée ! ».
Je ne m’étends pas sur l’aspect génial et prémonitoire de cette proposition dont chacun jugera le bien fondé sur le plan politique, mais plutôt sur l’étrangeté qui veut que cet esprit révolutionnaire nous soit venu directement… d’un Versaillais ! Daniel ! Grand tourneur de manivelles devant l’Éternel ayant été plusieurs fois décoré du Paris-Brest-Paris, habitué des circuits européens, chevalier de la Tomate… C’est donc de Versailles que nous vient ce goût révolutionnaire de l’Audax à la Danton…
Tout cela n’est pas sans rappeler le passage à l’ennemi de La Fayette en 1792… Mais passons… L’Histoire jugera…
Donc, en sa qualité de responsable des brevets et longs parcours, Daniel avait proposé aux Ucénistes de tester un parcours Audax à 22,5 km/h et toute la jeunesse du club, gonflée d’ardeur et d’enthousiasme printaniers, avait répondu… Plus quelques échalas soucieux de constater à quel niveau de décrépitude physique ils en étaient. J’allais oublier les trois dames préoccupées déjà des difficultés de « Toutes à Strasbourg ».
Au nombre total de 18 participants qui se présentèrent au départ du Commerce, il faut noter la présence de deux transfuges ucénistes passés à l’Ouest que nous revîmes avec grand plaisir, Béatrice et Jean-Paul.
Donc nous partons derrière Daniel, capitaine de route inspiré qui nous avait prévu un parcours vers Couëron, le Temple, Fay de Bretagne et retour, pour un total de 80 km, dans des conditions proches de l’idéal, la fraicheur matinale et le temps couvert nous évitant de trop transpirer.
Que dire de l’aventure ? Que chacun la vécut à sa façon. Beaucoup, avec Claude, constatèrent avec plaisir qu’ils pouvaient toujours parler, Marceline s’aperçut que dans ces pelotons importants, elle grimpait les côtes avec délectation, Rémi trouva le hors d’œuvre un peu léger, Léo, sans Marine, joua la main noire en dépannant un saut de chaîne, Jean-Paul donna son avis sur tout et Jean-Claude fut un serre-file efficace.
Disons peut-être que la volonté affichée de n’effrayer personne par des efforts excessifs, fit que la montée du Sillon de Bretagne, se fit à 10 à l’heure, ce qui fit craindre à plusieurs de tomber de vélo… Mais la pédagogie était à ce prix…
Au retour, contre le vent, il apparut que le capitaine de route, rejoint par Rémi et quelques fortes pointures, formaient une excellente couverture et que rouler dans leur roue rendait la vie plus simple, même si cela nécessitait une grande vigilance.
À l’arrivée, évidemment, chacun plongea le nez sur son compteur pour voir comment Daniel avait géré la fameuse moyenne de 22,5 annoncée et là il faut bien lui tirer notre chapeau car les chiffres oscillaient entre 22,2 et 22,7 en tenant compte des circuits personnels pour aller au point de départ, faits à allure modérée.
C’est donc sur ce grand succès et forts de nouvelles ambitions que nous nous séparâmes pour rentrer dans nos familles, reprenant chacun et chacune le masque discret du héros modeste et satisfait que nous nous plaisons tant à arborer… Jusqu’à la douche finale !
De l’Audax, encore de l’Audax !!! Merci Daniel.
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