Interview de Pascal Déramé, directeur sportif d’U Nantes-Atlantique (29/3/2007)
Interview de Pascal Déramé : « la réforme mise en place cet hiver va peut-être à terme sauver le cyclisme, et c’est un bien. »
Pascal, comment a débuté la saison pour l’U Nantes-Atlantique ?
« La saison a débuté tout doucement aux Plages Vendéennes. Nous avons ensuite enchaîné avec la Vallée de la Loire, où nous avons réalisé un beau triplé. C’était un objectif d’équipe d’être là et d’être présent sur cette course-là. Depuis, ça se passe bien. Nous avons fait une belle course au Souvenir Louison Bobet, où nous ne sommes pas passés loin, et Nantes-Segré avec la victoire de Kevin Cherruault. Le comportement de l’équipe est bon. Notre souci, c’est que tous les ans, on repart un petit peu à zéro. Il y a de gros changements dans l’équipe donc il fallait que la mayonnaise prenne et que les garçons apprennent à courir ensemble. Ca a l’air de bien se passer. Nous allons maintenant arriver dans une période qui va être plus facile pour les coureurs et pour le staff, avec des courses par étapes, donc moins de coureurs au départ. Nous allons pouvoir appliquer plus de tactiques. »
L’équipe a en effet décidé de s’aligner sur davantage de courses par étapes cette saison. Dans quel but ?
« Cette année, nous avons effectivement un programme plus lourd en courses par étapes. On a grossi notre calendrier. On les a privilégiés davantage cette année. On commencera avec le Circuit des Ardennes et on enchaînera avec le Tour du Loir-et-Cher, le Tour de Bretagne, l’Essor Breton… En fait, le groupe cette année est un peu plus important, pas en terme de coureurs mais nous avons plus de coureurs qui expriment l’envie d’aller sur des courses comme ça. Nous sommes là aussi pour les faire progresser. S’ils veulent passer chez les pros, c’est vrai qu’il va falloir encaisser un peu plus la distance et les jours de course. »
Quelles ambitions affiche l’U Nantes-Atlantique ?
« Essentiellement la Coupe de France Look des Clubs. Après, les courses au niveau de la région parce que nous avons besoin d’être là au niveau régional pour notre partenaire. Nous sommes fiers de courir chez nous. Et puis nous viserons quelques belles courses par étapes comme le Tour de Bretagne ou les Boucles de la Mayenne. »
Avec toujours une attention particulière portée à la formation ?
« Nous avons cette année quatre jeunes sortants des rangs Juniors qui ont intégré le groupe. Le groupe a été fortement rajeuni. Nous avons plusieurs garçons de 20-21 ans. Cherruault a encore 19 ans, Chérel est jeune aussi… Nous avons un esprit de formation mais il y a quand même une pré-formation pour rentrer dans le groupe. On est un peu comme tous les groupes de Division Nationale. C’est sûr qu’on fait de la formation mais les coureurs qui intègrent l’équipe ont tout de même des qualités à la base. Autrement, on partirait de zéro et on ne peut pas trop se le permettre lorsqu’on arrive sur des courses pros comme la Classic Loire-Atlantique. Leurs clubs précédents ont joué un rôle important. »
De votre regard d’ancien pro, qu’apportez-vous au groupe ?
« J’essaie de leur apprendre un peu le goût de la victoire. Peut-être que j’essaie de les faire courir un peu moins que ce qui devrait être fait mais je leur inculque que de venir en course, c’est pour gagner, et pas seulement pour participer. C’est une vision que j’essaie de donner. Après, ce n’est peut-être pas la bonne, mais c’est la mienne. »
L’hiver dernier, le cyclisme amateur a subi une nouvelle réforme. Qu’en pensez-vous ?
« J’en pense du bien. On a moins de coureurs et plus de catégories qu’il y a dix ans. C’est sûr que de revenir en arrière, c’est toujours difficile, mais voir le cyclisme avec moins de coureurs qu’il y a quinze ans et deux fois plus de catégories, je n’en voyais pas l’utilité. Là, on se retrouve avec des première, deuxième et troisième catégories. Il y a eu pas mal de gens mécontents qui avaient peur de nous rencontrer, mais notre objectif n’est pas de courir les départementales, qu’on ne dispute d’ailleurs pas. Ce n’est pas ça qui va gêner les coureurs régionaux. Cette réforme, c’est peut-être à terme ce qui va sauver, ou tout du moins faire du bien au vélo. Je ne vais pas sur les petites courses, mais de mon regard extérieur, j’ai l’impression qu’il y a un peu plus de monde, et c’est un bien. »
La FFC vous a-t-elle consulté pour la mise en place de cette réforme ?
« Non. En fait, j’ai participé à une réunion avec le monde professionnel et le monde amateur où il était question de cela. Je faisais partie de la réunion mais les idées étaient déjà évoquées. Nous étions plusieurs à être en accord avec ce projet. C’est pareil pour la catégorie des âges, c’est quelque chose qui ne passe pas pour moi. Ce n’est pas mon truc ! Je ne comprends pas qu’on arrive à mettre des catégories d’âge, même chez les pros ! A un moment, les équipes continentales étaient limitées à tant de coureurs de moins de 28 ans etc… Pourquoi mettre des catégories d’âge chez les pros ?! C’est pareil pour la catégorie Espoirs. C’est bien de les faire courir entre eux, mais s’ils ne sont pas capables de battre des garçons de 26 ans, je n’en vois pas l’utilité. Je pense qu’il faut des catégories de niveau, point. »
Depuis quelques années, des courses comme la Classic Loire-Atlantique permettent de confronter les amateurs aux professionnels. C’est important pour vous ?
« C’est important mais nous n’en faisons pas assez. Sur des courses comme la Classic Loire-Atlantique, on voit très vite qu’on n’a pas encore le niveau. Si on en faisait beaucoup plus, nous aurions un niveau plus élevé encore. Mais on est bridés, on ne peut pas les faire. Il y a quelques temps, nous avions également fait une demande pour faire les Coupes de France professionnelles. Ce serait pas mal qu’on puisse participer, je parle au niveau local, aux épreuves de la Coupe de France. Nous, ce serait Cholet-Pays de Loire, SuperSport ce serait le Grand Prix de Rennes, etc… Ca nous ferait un gros impact au niveau de nos petits sponsors car on se bat tous avec un tout petit budget en amateur. Ca ferait progresser nos coureurs. Je sais que c’est un projet impossible, mais par rapport à la progression du cyclisme, je suis sûr que ça ferait du bien. »
Propos recueillis à Basse-Goulaine le 23 mars 2007.