Tour de France: l’incroyable destin de Simon Gerrans

l-australien-simon-gerrans-en-jaune© Alexandre Marchi 

Article sur http://www.challenges.fr/sport/ par Gilles Le Roc’h

NICE (Reuters) – A 33 ans, Simon Gerrans est le sixième Australien à se parer de jaune sur le Tour de France après Phil Anderson, Stuart O’Grady, Bradley McGee, Robbie McEwen et Cadel Evans. De ces six-là, il est peut-être l’un de ceux qui a le parcours le plus surprenant.

Débuter dans le cyclisme en Australie n’est pas si différent de ce qui peut arriver à un jeune en Europe. Il faut le plus souvent bénéficier d’un concours de circonstances.

Simon Gerrans a commencé le vélo à 17 ans, en 1997, après un accident de moto dans lequel il s’était cassé le genou. Son père était alors l’employé principal du ranch de Phil Anderson, maillot jaune du Tour en 1981 et réel pionnier des cyclistes australiens en Europe.

Phil Anderson avait conseillé au jeune Simon de faire du vélo pour favoriser sa rééducation et lui en avait prêté un, celui-là même qu’il utilisa lors de sa première compétition.

Le gamin de Melbourne ne manquait pas de talent et Phil Anderson devint rapidement son premier entraîneur. Forcément, Gerrans est un jour parti tenter sa chance en Europe. C’était en 2003 et on ne peut pas dire que ce fut une franche réussite.

Il intégra en effet à 23 ans la modeste formation norvégienne Ringerike avant de filer chez les Portugais de Carvalhelhos-Boavista où il était plus souvent question de dopage que de cyclisme. Il fut écoeuré du vélo et envisagea son retour quand le journaliste français Jean-François Quenet lui proposa un challenge.

C’est ainsi qu’en 2004 Gerrans a porté le maillot de l’équipe de Nantes, dirigée par l’ancien coureur professionnel Pascal Deramé, et a logé chez le journaliste à Angers qui lui confia une carte bleue avec la promesse de faire les comptes en fin de saison.

L’Australien a alors gagné la classique bretonne Redon-Redon et fini troisième du Ruban Granitier Breton. Des performances suffisantes pour taper dans l’oeil de Vincent Lavenu qui lui offrit un poste de stagiaire en août. La carrière de Gerrans était relancée.

Depuis, il a gagné Milan-San Remo, le Grand Prix de Plouay, deux étapes et un contre-la-montre par équipes du Tour de France, une étape du Giro, une autre de la Vuelta, le Grand Prix de Québec et le Tour Down Under à deux reprises.

Suprême honneur, il a donc endossé mardi le maillot jaune à Nice, succédant ainsi à son ancien entraîneur Phil Anderson, sans qui il n’aurait sans doute jamais fait carrière dans le cyclisme.